Réalité augmentée ne rime plus uniquement avec smartphone : de plus en plus d’entreprises du secteur préfèrent développer de nouveaux outils pour exploiter cette technologie.
Et si le monde de demain se voyait à travers des lunettes, pour les myopes comme pour les autres ? La réalité augmentée est étudiée depuis une vingtaine d’années, mais l’un des défis majeurs concerne les appareils sur lesquels cette technologie immersive fonctionnera demain. Les principales sociétés travaillant sur la réalité augmentée la développent sur des lunettes, mettant téléphones et tablettes de côté. C’est notamment le cas d’Optinvent, entreprise française. « Aujourd’hui, il existe des applications de réalité augmentée sur smartphone, mais je ne pense pas que ce soit la meilleure expérience pour l’utilisateur, développe Kayvan Mirza, président de l’entreprise. Notre mission : imaginer le monde après le smartphone grâce à la réalité augmentée. Et ce sont les lunettes connectées qui vont remplacer les smartphones, apportant naturel et praticité. » Quand on sait que l’on sort son téléphone pour tout et n’importe quoi, on peut en effet se dire qu’avoir des lunettes connectées non-stop pourrait être une bonne idée.
Pas si bonne que ça pour Philippe Fuchs, enseignant-chercheur en réalité augmentée et virtuelle à l’école Mines ParisTech : « Certains disent que dans le futur, nous aurons tous des lunettes de réalité augmentée du matin au soir. Ils ne savent pas que le système visuel ne sert pas qu’à voir mais aussi à se situer dans l’espace, et que ce n’est pas évident d’avoir des informations virtuelles qui flottent entre nos yeux et la réalité en permanence ». En fait lorsqu’on se déplace avec des lunettes de réalité augmentée sur le nez, le cerveau comprend qu’on est en mouvement. Jusque là, tout est logique. Sauf qu’il détecte aussi des objets statiques qui restent dans le champ de vision, des informations en réalité augmentée par exemple, ce qui cause une anomalie. Les développeurs ont d’ailleurs des problèmes similaires avec leurs casques de réalité virtuelle qui causent, au bout de quelques heures d’utilisation, de fortes nausées.
Concernant le remplacement des smartphones, Philippe Fuchs reste donc perplexe : « Ceux qui disent que la réalité augmentée sera la prochaine grande révolution numérique après internet ou les smartphones, je leur dis que non. On a besoin de communiquer du matin au soir alors qu’on n’aura sûrement pas besoin de réalité augmentée tous les jours ».
Une solution avant tout professionnelle
Souvent vendues pour presque un millier d’euros, les lunettes de réalité augmentée sont encore réservées à un public d’experts ou à des usages professionnels. Et comme le rappelle Philippe Fuchs, «il faudrait bien 10 ans encore avant que toutes les sociétés qui en ont besoin puissent l’utiliser banalement. »
L’entreprise XXII a développé une application permettant à Enedis de visualiser en réalité augmentée les réseaux électriques souterrains depuis la surface. « La réalité augmentée, et notamment l’Hololens, a un grand avenir dans les métiers de l’industrie. Elle permet de créer des outils de visualisation très utiles pour la formation et la maintenance. L’industrie développe une forte appétence pour ces outils leur faisant gagner du temps ». Maiwenn Regnault, chargée de communication pour l’entreprise, confie également que c’est une application facilement réplicable pour les concessionnaires du réseau de gaz, téléphonie ou fibre. Implantée dans le secteur professionnel depuis plusieurs années, la réalité augmentée tend avant tout à se démocratiser pour le grand public.
La suite dans l’article La téléportation bientôt à portée de doigt.