Après avoir questionné les avantages et les inconvénients d’un investissement dans les voitures autonomes, il est l’heure de mettre le théorique à l’épreuve de la réalité. Des utilisateurs potentiels donnent leurs avis sur la question.
L’AVIS DES UTILISATEURS
Karim, 39 ans, chauffeur routier « Si mon camion était autonome, je ne dormirais tout de même pas »
« La possibilité de voir se développer des moyens de transports autonomes serait une bonne nouvelle pour moi et pour la profession plus généralement. Sur des longs trajets, à l’étranger par exemple, cela me permettrait de m’accorder des pauses, tout en continuant à avancer sur mon chemin. Après, je ne pense pas que je serais plus rassuré. Honnêtement, si mon camion était autonome, je ne dormirais tout de même pas de la nuit. Je pense que la peur d’une erreur serait trop grande. On ne sait pas ce qu’il peut se passer sur la route et faire confiance à 100% à la technologie, c’est difficile. Et puis, une partie de la beauté du métier de chauffeur, c’est l’amour de la conduite. Même si c’est parfois pesant, j’aime être au volant, me vider la tête. J’ai peur que laisser le camion se conduire tout seul enlève le plaisir que j’ai. [… ] Si les voitures 100% autonomes se développent, est-ce que nous aurons encore une utilité ? Si la marchandise peut se transporter toute seule, aura t-on encore une place dans les camions ? Si le seul but est de protéger ce que les camions transportent, un agent de sécurité sera plus à même d’être utile. En y pensant, j’ai un peu peur que tout cela change la nature de mon métier. »
« Si mon camion était autonome, je ne dormirais tout de même pas de la nuit. La peur d’une erreur serait trop grande. »
Lucie, 29 ans, utilisatrice de navettes autonomes : « Ça facilite la vie »
« Ma première expérience dans une voiture autonome remonte à un an, à Confluence. C’était un moyen amusant pour moi de me déplacer au début. Mais en fait, plus qu’un gadget, c’est vraiment un véhicule très utile. Au début, il y a une appréhension certaine. Mais finalement, tout est très bien réglé, on ne se sent pas forcément en danger. Actuellement je me sers de la nouvelle navette à Meyzieu (zone d’activités des Gaulnes). « Ça facilite la vie, il n’y a pas à dire. Déjà, c’est moins bondé que les transports en commun. On est quasiment assis à chaque fois et c’est agréable. Après, ça aide aussi à se détendre. On n’a pas à se prendre la tête avec les embouteillages, on ne s’agace pas, tout se fait tout seul. Et puis personnellement, l’aspect écologique me séduit dans la mise en place de navettes et j’espère qu’il y en aura de plus en plus. C’est le seul moyen de transport en périphérie qui est électrique à ma connaissance. Et à mes yeux, l’initiative traduit une volonté des entreprises de la zone à prendre soin des employés, et c’est plaisant. La navette est gratuite, ce qui est aussi un gros plus pour moi qui paye déjà un abonnement TCL à un prix très élevé. »
« Au début, il y a une appréhension certaine. Mais finalement, on ne se sent pas forcément en danger. »
La dimension écologique est importante mais complexe. En grande partie électriques, les voitures autonomes constituent une bonne alternative « verte » pour les trajets du quotidien. Leur développement n’entrainera pas seulement une modification des modes de déplacements. C’est toute une refonte de l’espace public qui sera nécessaire. Un aménagement des zones d’activité sera nécessaire à long terme pour donner un sens à la mise en place d’espaces autonomes. Le rapport du CVT Athéna est formel, la stratégie pour les entreprises et les territoires est à double tranchant. Une démotorisation des ménages n’est évidemment pas à exclure. Mais à l’inverse, « on peut imaginer, une augmentation des kilomètres parcourus, induite par les facilités d’usage des véhicules autonomes ».