Grâce aux nouvelles technologies de la communication, l’actualité mondiale se diffuse en très peu de temps. Tout comme les fausses informations. Souvent liées à des intérêts politiques, elles servent à manipuler l’opinion. Les techniques de persuasion s’avèrent multiples. En voici un tour d’horizon.
L’image ne quittera pas la mémoire collective : celle de Marine Le Pen au milieu de montagnes de fiches lors du débat de l’entre-deux-tours des dernières présidentielles. Des explications surfaites, autour de chiffres erronés, pour servir des propos populistes. Mais ce n’est pas là première fois que la statistique est utilisée. Les dirigeants politiques y ont recours pour s’assurer une justification parfaite de leurs idées.
En Allemagne, l’extrême droite du parti « Alternative für Deutschland » s’est emparé des chiffres sur la criminalité en augmentation dans le pays, les mettant en lien avec le début de la crise migratoire. Le parti extrémiste va même encore plus loin. En septembre dernier, il publie une carte sur le nombre d’attaques à la hache dans tout le pays sous le titre « L’immigration de masse signifie l’immigration des couteaux », une manipulation utilisant des actualités qui se sont déjà produites.
L’utilisation erronée de l’actualité
Pour rappel, en juillet 2016, un réfugié afghan d’une vingtaine d’années avait attaqué à la hache un wagon d’un train régional de Bavière, faisant quatre blessés. Un an plus tard une attaque a lieu à la gare de Düsseldorf cette fois, avec la même arme. Mais ce nouvel agresseur n’est autre qu’un trentenaire souffrant d’une maladie mentale, sans aucun lien avec des enjeux terroristes. Après analyse, l’outil de factchecking de Libération, “Checknews”, révélait que parmi les 575 attaques signalées par la carte, 279 seulement sont vérifiables. L’outil pour cette manipulation ? La peur avant tout.
« Une apparente neutralité, le tout d’une grande imprécision »
Cette manipulation par l’affect, Laurent Mucchielli l’explique dans Étrangers et délinquance: fausses évidences statistiques, vraies manipulations politiques. « Il s’agit à nouveau de petites phrases suggérant un lien important entre population étrangère et délinquance, sous couvert d’une apparente neutralité (…), le tout dans une grande imprécision », précise le chercheur.
Ses propos font réaction au passage de Claude Guéant, ancien ministre de l’Intérieur, prévoyant des chiffres à la hausse de la délinquance parmi des populations étrangères, mais en indiquant que les chiffres officiels n’étaient pas encore arrivés. Dans son analyse, Laurent Mucchielli dénonce des malversations des statistiques qui permettent de conforter finalement des électeurs déjà au fond un peu convaincus.