« Are Vah » est un documentaire interactif qui raconte le projet d’implantation d’une centrale nucléaire à Jaitapur, dans le sud-ouest de l’Inde, par l’entreprise française Areva. Le groupe français a en effet signé un contrat de vente de six réacteurs EPR avec le Sous-continent en 2009, sous la présidence de Nicolas Sarkozy. Avec une capacité électrique de près de 10 000 mégawatts, cette centrale nucléaire, dont la construction est prévue pour 2017, serait la plus grande centrale nucléaire au monde, ce qui n’est pas sans incidence : les activités de pêche et de production agricole de près de 10 000 habitants des alentours seraient notamment menacées. Le webdoc militant « Are Vah » raconte ainsi la lutte des paysans, des pêcheurs et des habitants du secteur, contre ce projet.
Par Lucas Babillote
Le projet de deux auteurs
A l’origine de ce projet se trouvent deux auteurs : Micha Patault et Sarah Irion. Le premier est photojournaliste et réalisateur. Passionné par le nucléaire depuis quelques temps maintenant, il est notamment parti aux Etats- Unis en 2010 pour réaliser un premier webdoc intitulé « Atomic City », destiné à montrer la dépendance d’une ville à l’uranium. Micha Patault est également parti une dizaine de fois en Inde depuis 2009, depuis qu’Areva envisage d’y construire 6 réacteurs EPR. Au printemps 2011, lors de la catastrophe nucléaire de Fukushima, et alors que tous les yeux se tournent vers le Japon, pour tenter de déterminer les responsabilités et les causes de la catastrophe, Micha Patault choisit lui de s’intéresser à l’Inde pour expliquer les raisons de la construction d’une centrale nucléaire. Micha Patault est également impliqué dans l’ONG Greenpeace.
Sarah Irion est la co-auteure de ce projet. Preneuse de son et journaliste radio, elle a déjà co-réalisé un premier webdoc en 2011, « Yunnan Export », qui raconte l’expansion commerciale chinoise. Diplômée de l’école de journalisme de Strasbourg (Cuej), en spécialité radio, Sarah Irion a notamment travaillé en tant que journaliste radio pour France Bleu et France Culture.
Le documentaire interactif « Are Vah », qui est sorti en France le 17 juin 2014, a mobilisé une dizaine de personnes durant plusieurs mois. C’est ainsi que l’entreprise française The Pixel Hunt a réalisé le game design et la scénarisation interactive du webdoc, qui a été coproduit par la boîte de production française Fat Cat Films, développé par l’entreprise canadienne Hypractif et diffusé simultanément par RFI et Les Inrocks. Les illustrations ont été réalisées par Théo Guignard, le montage par Conrad Chemetoff et les bruitages sonores par Gabriel Guerin.
Un documentaire linéaire et un documentaire interactif
C’est Micha Patault qui, le premier, a eu l’idée – et l’envie – de faire ce webdoc. Trois raisons ont motivé son choix : Areva (2009), Atomic City (2010) et Fukushima (2011). Après avoir réalisé un premier webdoc consacré à l’énergie nucléaire, l’auteur cherchait à raconter « une histoire traitant du même thème mais inscrite dans le présent et plus proche de la France », selon ses propres termes. Le projet d’Areva de construire la centrale de Jaitapur était très peu connu des Français à ce moment-là, « bien qu’ayant toujours été controversé », c’était donc pour lui le sujet idéal.
Le format du rendu n’a cessé d’évoluer tout au long du projet. Les auteurs envisageaient initialement de faire un webdoc, un reportage photo et un documentaire radiophonique. Ils réaliseront finalement un webdoc et un documentaire linéaire, pour la télévision, qui sortira en février 2014.
Des faibles moyens au début
C’est en janvier 2012 que le projet d’Are Vah a véritablement commencé. Le 16 janvier, Micha Patault et Sarah Irion décident de lancer une campagne de financement participatif sur la plateforme Kiss Kiss Bank Bank, pour réunir les fonds nécessaires au voyage en Inde et pouvoir mener l’enquête. Parallèlement, les auteurs cherchent déjà d’autres sources financières et ont des premiers rendez-vous avec des boîtes de production et des diffuseurs. Un mois plus tard, le binôme a collecté 7000 € et part pour l’Inde.
Le 12 février, Micha Patault et Sarah Irion arrivent donc à Bombai avec pour objectif de faire des interviews et des reportages. En termes de matériel, le duo de réalisateurs décide de ne pas emmener « trop de choses sur place, pour rester discret ». Ils se contenteront donc de deux appareils photo, dont un Canon 5D « et un autre appareil pas très sophistiqué », selon la coréalisatrice. Ils emmèneront également un zoom H4N et un micro mono pour le son. Les rôles des deux auteurs étaient clairement établi puisque Sarah Irion était responsable du son et Micha Patault de l’image. Les interviews étaient préparées ensemble, en amont, et c’est Sarah Irion qui les réalisait. Au niveau du contenu éditorial, le travail du réalisateur était plus axé sur l’aspect technique, c’est- à-dire sur le nucléaire à proprement parler, alors que Sarah Irion s’intéressait davantage à l’aspect humain, en allant notamment à la rencontre des pêcheurs et des « habitants du coin ». Les deux auteurs se complétaient donc plutôt bien.
Au total, Micha Patault et Sarah Irion ont parcouru 10 350 kilomètres en deux mois en Inde. Ils ont beaucoup bougé et ont fait pas mal d’interviews. Mais à leur retour, en avril, les auteurs se sont rendu compte qu’ils n’avaient pas assez d’images d’illustration. Problème : ils n’avaient plus les moyens de retourner sur place, n’étant « que deux à ce moment-là » et n’étant « pas du tout encadrés financièrement ». Ils ont donc patienté quelques mois et ont fait une demande d’aide à l’écriture au CNC, en septembre 2012. Aide qu’ils ont obtenue en décembre (19 000 €). Entre temps, le duo de réalisateurs a aussi commencé à chercher une boîte de production, constatant que le projet commençait à être « trop gros » pour eux. La boîte de production française Fat Cat Films, dirigée par Antoine Cayrol, a accepté de produire leur webdoc. Elle les a rejoints dans l’aventure en septembre 2012.
« Un sujet très tabou et très surveillé »
Durant le tournage en Inde, les auteurs ont dû faire face à un certain nombre de difficultés, c’est ce que nous a expliqué Sarah Irion : « Le nucléaire en Inde, c’est très tabou et très surveillé. Nous savions que nous n’entrerions jamais dans le pays en demandant un visa journalistes. D’autant plus qu’avec la campagne de financement participatif qu’on venait de lancer un mois auparavant, il suffisait d’entrer nos noms sur Google pour connaître notre projet détaillé. » Les réalisateurs ont donc demandé un visa touristes et n’avaient logiquement pas le droit de filmer. « On s’est camouflé pour ne pas se faire interpeller par la police, indique Sarah Irion. C’est aussi pour ça qu’on avait décidé de filmer à l’appareil photo, parce que c’était beaucoup plus discret… Là où les choses se sont compliquées, c’est à Jaitapur, dans la zone de construction de la future centrale, parce que ce n’est pas du tout un lieu touristique. » Les réalisateurs avaient fait connaissance avec des gens du village opposés au projet, qui les aidaient à faire leurs reportages de nuit, avec moins de matériel que d’habitude. « On avait juste nos iPhones et un appareil photo, se souvient la réalisatrice. Le reste du temps, je portais un voile pour ne pas me faire repérer. »
Deux ans d’écriture
Avant même leur départ pour l’Inde, en janvier 2012, les deux auteurs se sont beaucoup impliqués dans l’écriture du scénario du webdoc. La trame narrative de leur objet n’a ensuite cessé d’évoluer. En septembre 2012, les réalisateurs avaient terminé une première version du scénario qu’ils ont envoyée au CNC pour demander l’aide à l’écriture, mais ils n’étaient toujours pas satisfaits du résultat. Souhaitant introduire une expérience « plus immersive », ils ont continué à écrire… jusqu’à ce qu’ils trouvent un producteur (Fat Cat Films).
Dès lors, les deux auteurs ont pu demander une aide à la production au CNC, qu’ils ont obtenue (39 000 €). Et l’écriture en a clairement profité. « Avec cette nouvelle aide, on a pu faire appel à un scénariste interactif, également game designer, Florent Maurin (The Pixel Hunt), en septembre 2013. Ce dernier nous a alors proposé d’utiliser la centrale nucléaire comme structure narrative. L’écriture s’est débloquée », explique Sarah Irion. Un travail de scénarisation à trois a alors débuté et a duré trois mois. En janvier 2014, ce travail d’écriture était 2
terminé. Il aura donc fallu deux ans (janvier 2012-janvier 2014) à l’équipe d’Are Vah pour finaliser la trame narrative de son projet. Et pour cause, il ne s’agissait pas d’un travail d’écriture « ordinaire » : « La scénarisation interactive consiste à réfléchir aux conditions de l’expérience pour que l’utilisateur comprenne l’objet qu’il a en face de lui, le défi qui lui est lancé et les actions nécessaires pour relever le défi, explique Florent Maurin. On parle aussi de « game design » et cela représente entre 5 et 10 % du budget d’un webdoc. »
Fat Cat Films : « Une boîte de production touche à tout »
Au niveau de la production, la boîte française Fat Cat Films a donc décidé de rejoindre l’aventure Are Vah en septembre 2012. Avant cela, elle avait déjà produit d’autres web documentaires tels que « Paroles de conflits », de Raphaël Beaugrand, et « Conseils au président ». Mais elle produit aussi beaucoup de publicités et même des fictions pour le cinéma, et c’est bien ce qui a convaincu les auteurs : « On ne voulait pas d’une boîte qui ne produit que des webdocs parce qu’elles n’ont souvent pas beaucoup de moyens. Fat Cat Films est une boîte touche à tout. » Le producteur, Antoine Cayrol, explique de son côté avoir « eu un coup de cœur pour Are Vah parce que les auteurs avaient une vision précise et très bien développée de leur projet. C’est également un devoir citoyen de parler de ces questions. »
Avec ces nouveaux moyens, Micha Patault et Sarah Irion ont pu repartir en Inde pour un deuxième tournage, au printemps 2013. Le producteur leur a parallèlement suggéré de faire un documentaire linéaire à côté. Sarah Irion s’est donc chargée de l’écriture d’un scénario documentaire.
Quinze tableaux interactifs
Le webdoc Are Vah a nécessité un gros travail d’écriture mais également un gros travail d’illustrations. Pour cela, le réalisateur, Micha Patault, a tout d’abord fait des schémas de la centrale à partir des plans qu’il avait pu se procurer et de ce qu’il avait vu sur place. Le tout a ensuite été transmis à un illustrateur, Théo Guignard, qui a dessiné les quinze tableaux qui constituent le documentaire interactif. Théo Guignard est parvenu à reconstruire la centrale dans un style au croisement entre la bande-dessinée et l’hyper réalisme. Tous les boutons et graphismes complémentaires (panneaux, journaux, infographies) ont ensuite été dessinés par le réalisateur.
S’il y a un autre élément, en plus des images, qui participe pleinement à l’expérience immersive proposée par les auteurs d’Are Vah, c’est bien le son. Deux techniques ont été utilisées pour rendre compte de ces effets sonores. Les sons extérieurs tels que les voix des pêcheurs ou le bruit des vagues ont été pris sur place, en Inde, par Sarah Irion. Le son à l’intérieur de la centrale n’est en revanche « qu’un » assemblage de bruitages de mécanismes d’usine qui a été ajouté au montage. Une fois que les travaux de post production, de scénarisation, de son et d’image étaient terminés, le projet a été livré aux développeurs.
L’entreprise canadienne Hypractiv, en charge du développement, a pris le relais en janvier 2014. Le développement d’Are Vah a mobilisé trois membres de la firme, pendant plusieurs semaines. Ces derniers ont travaillé en HTML.
110 000 € de budget
En termes de budget, les auteurs d’Are Vah ont obtenu :
– 7000 € de financement participatif,
– 19 000 € d’aide à l’écriture (CNC),
– 5000 € de la SCAM,
– 38 000 € d’aide à la production (CNC),
– 2000 € de RFI,
Et 40 000 € de Fat Cat Films. Soit un budget total de 110 000 €.
– 30 % de ce budget a été alloué au tournage,
3
– 30 % à la post production (Dé-rush/montage/étalonnage/mixage/bruitage/conformation),
– 30 % à l’écriture, au développement et à la communication.
« Are Vah touche différents types de publics »
Pour ce qui est de la cible visée, les réalisateurs n’avaient pas défini de public en particulier. Mais ils savaient, en revanche, que « seule une petite partie de la population a généralement la patience de consulter des webdocs ». Ce constat justifie le choix du producteur d’avoir demandé que soit réalisé un documentaire linéaire, parallèlement au documentaire interactif, pour toucher plus de monde.
En ce sens, on peut estimer qu’Are Vah touche différents types de public. Le public qui s’intéresse vraiment au nucléaire et qui cherche des infos très techniques les trouvera dans le web doc, qui est plus complet, alors que le film est, comme tout documentaire linéaire, un peu moins technique et beaucoup plus anglé. Mais ce n’est pas tout. « Les publics plus passifs préféreront voir le documentaire linéaire à la télé alors que les internautes, plus habitués, opteront pour le webdoc, ajoute Sarah Irion. Le but de la production était de viser des publics mais aussi des festivals différents : le film a énormément tourné en festival alors que le webdoc était plus difficile à faire tourner. »
Sortie le 17 juin 2014
Le webdoc était très attendu selon les réalisateurs. C’est la boîte de production qui a établi la stratégie de communication. Are Vah a tout d’abord été lancé au Point éphémère, qui est un centre parisien de dynamiques artistiques. Il a ensuite fait l’objet de nombreux relais dans la presse et a été présenté dans plusieurs festivals. Les réalisateurs ont également été interviewés plusieurs fois, par le Mouv’ et RFI notamment.
Pour ce qui est de la diffusion, les auteurs savaient à peu près vers quels médias se tourner. Ils avaient notamment pensé à Médiapart mais c’est finalement Les Inrocks et RFI qui ont accepté de le diffuser. Les auteurs avaient initialement prévu de diffuser le webdoc avant l’élection présidentielle de 2012, ce qui était très ambitieux puisque c’était seulement 3 mois après le premier tournage. Mais au fur et à mesure qu’ils enquêtaient en Inde, ils se sont rendus compte que le sujet était de plus en plus gros et qu’il y avait énormément de points à aborder. Ils ont également compris qu’ils auraient besoin de lever beaucoup plus de fonds que prévu pour y arriver. Le résultat final du webdoc a finalement été publié en juin 2014.
Upside Television était en charge de la distribution du documentaire linéaire (février 2014), une chaîne italienne serait aujourd’hui intéressée pour l’acheter.
« L’objectif est de montrer comment se vend une centrale »
Selon les réalisateurs, « l’objectif d’Are Vah n’est pas forcément de donner à voir, mais plutôt de donner à comprendre les enjeux du nucléaire. » Leur objectif n’était pas de faire un documentaire « complètement anti- nucléaire », mais de « créer un débat chez les gens et de voir comment ils réagissent ». « Le but du webdoc est davantage de montrer comment on vend une centrale nucléaire et ce qu’il se trame derrière la vente d’une centrale, explique Sarah Irion. On voulait montrer que c’est énormément de politique, de géopolitique et d’accords commerciaux. »
En tout, Are Vah a obtenu 8 prix, dont 4 pour le documentaire linéaire et 4 pour le webdoc. Les réalisateurs se disent fiers du travail accompli et heureux d’avoir réussi à mener une enquête en Inde, où tout est généralement très opaque. En termes de portée, le webdoc a fait « beaucoup de vues dans les semaines qui ont suivi le lancement », selon les réalisateurs, qui n’ont pas pu nous fournir de chiffres précis. Ceux-ci ont également constaté que les gens étaient très réactifs dans les festivals et « qu’ils posaient beaucoup de questions. »
Le producteur n’a pas souhaité nous communiquer de chiffres précis en termes de retombées économiques. Les auteurs nous ont en revanche indiqué qu’ils font partie des rares réalisateurs de web docs qui ont gagné leur vie : « Ce n’est pas exceptionnel mais cela nous a fait vivre pendant les trois années de travail. »
« On aurait bien voulu viser plus large »
Les auteurs se disent fiers du travail accompli mais ont également quelques regrets. Parmi eux, le fait qu’aucun intervenant pro-nucléaire n’ait accepté de témoigner. « On aurait bien voulu obtenir une interview avec un représentant du gouvernement indien mais on n’a pas eu de réponse. Idem pour Areva qui n’a pas donné suite à nos multiples demandes, et c’est dommage », estime Sarah Irion. Le documentaire interactif aurait sans doute semblé plus objectif avec ces éléments et c’était bien l’intention des réalisateurs.
A la fin de l’aventure dans Are Vah, l’internaute a le choix entre démarrer ou démanteler la centrale. Et hasard ou non : « Il y a beaucoup plus de gens qui décident de la démanteler que de la démarrer », constatent les auteurs (70 % – 30 %), c’est là encore un regret des réalisateurs : « On peut en effet estimer qu’il y a un public déjà acquis alors qu’on aurait bien voulu viser plus large. »
Une chose est sûre en tout cas, c’est qu’Are Vah est un documentaire interactif qui est toujours d’actualité, un an et demi après sa sortie, pour la simple et bonne raison qu’aucun réacteur EPR n’a à ce jour été construit dans le monde, et encore moins en Inde. Début des travaux prévu pour 2017.
On fait le point
En définitive, le documentaire interactif militant Are Vah est le fruit d’un long travail d’écriture, de tournage, de post-production ou encore d’illustration qui a nécessité trois années de travail alors que les auteurs « tablaient » sur trois mois à l’origine. Et pour cause, Micha Patault et Sarah Irion avaient un peu sous-estimé l’importance du sujet qui n’a cessé de grandir au fil de l’enquête. La coréalisatrice nous l’a confié, « jamais [ils n’auraient] pensé que cela allait prendre une telle ampleur ».
Are Vah est le fruit d’un long travail d’enquête, les contenus proposés sont à la fois très intéressants et très informatifs. Mais c’est aussi le fruit d’un vrai travail graphique, avec un design au croisement de la bande- dessinée et de l’hyper réalisme. Le travail de post production des contenus journalistiques n’a pas été le plus long, le principal défi des auteurs a, au contraire, été de trouver le meilleur moyen de le mettre en valeur, ce qui explique que le travail de scénarisation interactive ait duré près de deux ans.
La qualité de l’enquête, de la narration, des images et la qualité technique sont pour moi irréprochables (4/4). Are Vah pêche un peu plus par la qualité de ses éléments sonores qui auraient pu, selon moi, contribuer à une expérience encore plus immersive (0,5/1). Concernant l’expérience utilisateur, je trouve que ce documentaire interactif aurait pu gagner en ergonomie (0,5/1) et en réactivité (0,5/1) : il y a par exemple différents types de flèches (accès et pastilles vidéo) qui ne sont pas toujours évidentes à distinguer. Le dispositif (1/1) et le design (1/1) de cet objet répondent, selon moi, parfaitement au sujet : l’idée d’utiliser la centrale nucléaire comme structure narrative fonctionne plutôt bien. Pour ce qui est du critère subjectif (0,5/1), j’avoue avoir eu un peu de mal à me situer dans le « jeu » au début, entre les différents tableaux, et ne pas comprendre quel chemin suivre pour arriver à la salle des commandes.
S’agissant de l’impact du web documentaire, je pense que le producteur d’Are Vah a parfaitement su mobiliser les réseaux (1/1), il n’y a qu’à entrer le nom du webdoc sur un moteur de recherche pour se rendre compte des relais presse et web dont il a fait l’objet. Le retour professionnel qu’il a suscité me semble aussi être très important (1/1), en témoigne le nombre de prix que les auteurs ont obtenus pour ce projet. Are Vah est un documentaire qui était « d’actualité » en 2014, qui l’est encore aujourd’hui et qui le sera sans doute encore demain, notre dépendance au nucléaire est en effet l’un des sujets du moment (COP21 oblige). Il s’agit donc d’un documentaire « durable » (1/1). Je suis néanmoins un peu plus sceptique quant aux retombées que le documentaire a suscité, n’ayant pas pu obtenir de chiffre précis (0,5/1).
Concernant la note de subjectivité, je dois avouer que le fonctionnement d’une centrale nucléaire était pour moi très flou avant d’avoir vu Are Vah, et que ce flou ne s’est pas totalement dissipé après l’avoir vu. Au moment de pénétrer dans l’enceinte de Jaitapur, au début du web doc, on s’attend à découvrir tous les secrets de fonctionnement d’une centrale nucléaire et on est finalement assez déçu de voir que cette centrale n’est qu’un décor, une structure narrative pour présenter les interviews et les reportages sur le cas très particulier de Jaitapur. Je pense que nous aurions gagné en « immersion de l’utilisateur » et en « compréhension du fonctionnement de la structure » si certaines infographies avaient été animées et si l’utilisateur avait l’occasion d’intervenir à d’autres moments qu’uniquement sur le chemin à prendre (via les flèches) et le choix final (démarrer ou démanteler). Je donnerais donc une note de 2,5/5 pour ce dernier critère de notation.
Note globale : 14