La Commission Européenne multiplie les études dans le secteur des IA, mais les applications concrètes se font attendre. Résolus à se lancer dans la course au plus vite, certains pays décident de faire cavalier seul.
Le rapport de Cédric Villani sur les Intelligences artificielles (IA), présenté l’année passée, expose les ambitions du gouvernement pour faire de la France un des leaders en la matière.
Mieux encore, il prévoit que le pays s’inscrive dans une Union Européenne (UE) faisant front commun face aux mastodontes américains et asiatiques. Mais à l’heure actuelle, il est difficile d’envisager une véritable unification des moyens de recherche et de production dans le domaine de l’IA.
Les engagements sont épars et les stratégies s’établissent plutôt au niveau national. À l’image du rapport Villani, qui ne faisait qu’une seule proposition concrète pour l’UE. Celle de la création d’une « agence européenne de l’intelligence artificielle ».
Sur ce point, aucune annonce n’a depuis été faite ni par le gouvernement français ni par l’UE. Pour autant la Commission Européenne semble s’emparer de la question à travers des initiatives, qui portent principalement sur l’encadrement de l’IA en Europe.
Définir une éthique
D’abord avec la création du High-level expert group on artificial intelligence (HLEG AI). Ce comité composé de 52 experts a dévoilé l’été dernier 33 recommandations de politiques et d’investissements « pour une Intelligence Artificielle digne de confiance » à l’adresse des États-membres.
On y trouve notamment des encouragements à expliciter l’IA aux citoyens, à investir via des partenariats public-privé, à éviter des interventions régulatrices trop répétitives, ou encore à harmoniser la régulation à l’échelle de l’UE.
Le HLEG AI a également produit un texte définissant les limites à ne pas franchir avec l’IA en Europe. Mais dans une tribune publiée sur meta-media.fr, le professeur Thomas Metzinger lui-même membre du comité ne cachait pas sa déception :
« les directives sont tièdes, court-termistes et délibérément vagues. »
La cause selon lui, c’est que le comité n’accueille que quatre spécialistes de l’éthique et compte également des représentants de l’industrie.
Envisager une juridiction européenne
Pour l’aspect juridique, la Commission s’est dotée d’un Comité ad hoc sur l’intelligence artificielle (CAHAI). Il a pour mission de rendre compte de la faisabilité d’un cadre juridique à l’échelle européenne ainsi que de son éventuel contenu, pour encadrer la conception et les applications de l’IA. Les travaux, qui comprennent des consultations auprès des acteurs privés et de la société civile, ont commencé en novembre dernier.
Concernant les finances, l’Union Européenne a annoncé l’année dernière un plan de financement de 20 milliards d’euros sur dix ans. Cet argent sera notamment destiné à des innovations haut de gamme dans l’anticipation des catastrophes naturelles et la lutte contre la cybercriminalité.
Il existe aussi des initiatives plus réduites au sein de l’UE en termes de participants. Comme le projet d’infrastructure européenne de stockage des données sécurisée sur lequel travaillent actuellement la France et l’Allemagne.
En attendant une véritable synergie, les pays les plus motivés par le domaine ne se sont pas contentés d’attendre. Avec le risque à terme de creuser des inégalités entre les États-membres, que des décisions trop tardives peineraient à effacer.