Il est difficile de parler de la robotique en France sans évoquer son nom. Bruno Bonnell est un homme polyvalent. Habile manager, il s’est lancé dernièrement dans le grand bain de la politique. Il demeure l’un des pionniers du monde de la robotique en France.
« J’avais dix ans quand j’ai construit mon premier robot. C’était en 1968. J’ai pris un moteur de machine à laver pour en faire une sorte de robot épouvantail. La structure bougeait les bras dans le but de faire peur aux oiseaux », se rappelle amusé Bruno Bonnell, l’ancien patron de Robopolis. Ce premier robot ne vivra que quelques secondes. A peine fabriqué, il explose.
À soixante ans, sa passion pour les robots reste intacte.
Les premiers pas dans l’entrepreneuriat
Cet entrepreneur spécialisé dans l’industrie du numérique et de la robotique, fonde sa première entreprise en 1983 avec son ami Christophe Sapet. Ceci grâce notamment aux revenus du livre Pratique de l’ordinateur familial qu’ils ont co-écrit. « Ce livre a été un vrai succès commercial. Il m’a permis d’avoir un capital de départ pour la création d’Infogrames, la première société française de jeux vidéos et d’édition de logiciels». Dans les années 2000, l’entreprise devient l’un des leaders mondiaux du domaine. Mais le conseil d’administration de la société décide de son départ de la présidence après une perte de valeur en bourse de près de 65%.
Retour à la passion d’enfance
C’est en 2007 après son départ de la tête de l’entreprise, que Bruno Bonnell se lance dans sa passion d’enfance : la robotique. Il rachète une société spécialisée dans la distribution de robots de service située à Villeurbanne (robopolis). Et deux ans plus tard, il met sur pied Awabot. C’est une autre entreprise de robots de téléprésence pour les entreprises et le monde de l’éducation.
Bruno Bonnell et la robotique : une histoire d’amour
Surnommé « Mister Robot » en raison de sa contribution au développement de la robotique en France, les compétences de l’homme d’affaire ont retenu l’attention des politiques. Ainsi, le ministre Arnaud Montebourg lui a confié en 2013 la mission d’élaboration d’un plan pour le développement de la robotique dénommé « France Robot initiative ». « Je suis heureux d’avoir convaincu plusieurs responsables académiques de l’importance de créer des formations en robotique. Il y’a un déficit très important de spécialistes du domaine. Je suis fier d’avoir réussi ce pari», affirme-t-il aujourd’hui. Pour Bruno Bonnell, les robots sont une nécessité face aux défis du monde d’aujourd’hui. Car là où l’homme ne peut pas aller, les robots peuvent être programmés pour s’y rendre. « Il ne faut pas regarder le robot comme un concurrent de l’homme, mais comme un complément », fait-il valoir.
« Il ne faut pas regarder le robot comme un concurrent de l’homme, mais comme un complément. »
De la politique à la robotique
En 2017, l’industriel s’éloigne du monde de la robotique pour se jeter dans la mer de la politique. Cette fois-ci, Il se fait élire député de la sixième circonscription à l’assemblée nationale sous la bannière de la République En Marche. « Je ne me suis pas engagé en politique. Je vis juste une parenthèse politique de cinq ans. », nous a-t-il confié. Juste après son élection, le Député a démissionné de la tête de ses entreprises. « Quand on veut être un homme publique, il faut arrêter de travailler dans le domaine privé », déclare-t-il. À l’Assemblée Nationale, Bruno Bonnell s’exprime peu. Mais il a fait voter un amendement de loi pour le suramortissement de l’investissement dans les technologies numériques et robotiques.
Bonnell, théoricien de la robotique
Auteur d’un essai titré Viva la Robolution !: une nouvelle étape pour l’humanité, il y explique comment la robotique va révolutionner le monde d’ici une vingtaine d’années. Son souhait: d’ici quelques années, voir beaucoup plus d’entreprises Françaises investir dans la robotique. Pour ce fait, il a fondé le premier Fonds d’Investissement destiné à la robotique de service en 2013.
La vie de Bruno Bonnell ne se résume pas qu’aux robots, au numérique et à la politique. Il est aussi père de famille. Son ainé est âgé de 36 ans et sa cadette a 6 ans. Il est très peu bavard quand on évoque sa vie familiale. « Ce qui fait la racine d’un homme c’est sa vie privée qui n’a rien avoir avec l’opinion public. », a-t-il déclaré. Ainsi, après une semaine chargée, « Mister Robot » aime arpenter les montagnes de Lyon.