26 novembre 2020

« Résolution », le roman où la technophobie inspire une utopie

par Elodie Joly

Li Cam est une auteure de Science fiction publiée aux éditions La Volte. Son œuvre d’anticipation « Résolution » est une utopie post-effondrement inspirée par des technologies très actuelles. Rencontre.

 

Comment repenser l’intelligence artificielle ? Cette question tourne en boucle dans la tête brune de Li Cam depuis que La Volte lui a commandé une Utopie. Très observatrice, c’est en s’inspirant de ce qui l’entoure au quotidien que la jeune femme trouve enfin la réponse. Ce cours roman évoque une catastrophe, un « collapse » se déroulant dans les années 2020, une temporalité que l’auteure a voulue très proche pour « un maximum d’impact » puisqu’il évoque aujourd’hui.

 

Une héroïne qui rassemble

 

Le collapse et tout ce qui le provoque est corrélé par un même facteur technologique, notamment les réseaux sociaux : « maintenant les gens sont souvent omniscients, omnipotents grâce à Internet et ça a tendance aussi à concentrer des informations relativement anxiogènes. ». Pour représenter une Némésis à ce mal qui ronge la société, l’auteure imagine le personnage de Wen, une femme aux capacités augmentées, capable d’accumuler une grande quantité d’informations et de relier les personnes entre elles plutôt que de les diviser. L’héroïne avait prévu la catastrophe en suivant les réseaux sociaux, un protagoniste hors du temps inspiré, notamment, par Phillip K. Dick :

 

« c’est un de mes auteurs favoris, « Résolution » s’inspire assez directement, notamment au niveau de la structure de « Glissement de temps sur mars » qui est une boucle temporelle, l’héroïne est hors du temps. »

 

Inspiré de faits réels

 

Pour imaginer une nouvelle d’anticipation s’inscrivant dans notre réalité, Li Cam s’est documenté : « aujourd’hui les algorithmes des réseaux sociaux nous rapprochent quantitativement, ils nous permettent d’avoir énormément d’informations mais on se rend compte que la qualité du relationnel n’y est pas. » Autre réalité qui a inspiré l’auteure : l’IA prédictive. Elle décrit un univers où la surveillance est omniprésente et où il est facile d’influencer les citoyens sur leurs choix électoraux : « Ce qui m’a inspiré directement, c’est ce qu’il s’est passé avec Cambridge Analytica et ses algorithmes capables de déterminer les indécis et de leur adresser ensuite des (fake)news susceptibles de les faire basculer en fonction de leur centre d’intérêt ou de leur situation personnelle. On peut imaginer que si la fluidité des algorithmes s’améliore, il se pourrait en fonction de ce que les gens publient – notamment concernant leur avis politique – qu’il n’y ait plus d’élections. »

Sun : un rayon d’espoir

 

La monétisation des données personnelles, les fake news, la surveillance, la dépendance aux dernières technologies ou encore l’information omniprésente sont des éléments ancrés dans notre présent dont s’inspire l’autrice pour imaginer la fin du monde puis sa renaissance. L’œuvre est ainsi parsemée de remarques satiriques sur les codes de notre société ultra-technologique où « l’IA prend des décisions à la place des gens ». L’œuvre évoque des agents conversationnels : ces fameux warbot conçu pour semer la discorde sur les réseaux sociaux mais aussi le deeplearning qui est la capacité des machines à apprendre de l’homme. En effet, Wen apprend tout ce qu’il sait à ce qui sera la seule intelligence artificielle bienveillante de la novella « Sun ». Une volonté de l’auteure de montrer que « l’intelligence artificielle – toujours dépeinte comme négative – peut aussi aider les humains à se rapprocher plutôt que de les éloigner. »

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