Confier des informations aux journalistes n’est pas chose aisée, cela demande du courage et de nombreuses personnes n’osent pas passer le pas. Les rares qui le font, vivent parfois avec la peur au ventre.
Le journaliste est reconnu comme une personne qui collecte les informations, les traite et les diffuse pour informer le public ou aider la compréhension de ce dernier. Ces informations peuvent porter sur plusieurs thématiques comme la gouvernance publique, la corruption dans la société, les crimes, les faits de société, etc.
Mais l’information diffusée par le journaliste ne lui arrive pas ex nihilo. Il y a tout une chaîne composée de personnes aux profils divers qui ne se connaissent pas forcément. Le journaliste verra ce qu’il prend chez chacun d’entre elles pour avoir une information crédible parce que bien renseignée, bien documentée. Tous ces intervenants, le plus souvent anonymes et inconnus, font partie de ce qu’on appelle les « sources » du journaliste. Des documents et autres supports d’information entrent également dans cette chaîne.
C’est quoi une source ?
C’est de sources humaines dont nous parlons ici. Une source est une personne capable de nous renseigner sur un sujet précis. En règle générale, tout le monde peut constituer une source. Qu’elle soit directe ou indirecte, officielle ou anonyme.
Ce qui prime, c’est la pertinence de ce que cette personne peut apporter aux journalistes en termes d’informations à la fois exploitables et vérifiables. Elle est le plus souvent choisie selon le crédit accordé aux informations qu’elle peut fournir. ‘’ Une source, c’est l’origine d’une information ’’ définit Jacque Léwa Léno, journaliste dans une chaîne privée guinéenne.
Ces noyaux durs de l’information qui permettent de porter un jugement sur le fond des productions journalistiques, sont en réalité inquiétés pour leur sécurité au vu des pressions exercées sur les journalistes.
‘’Je suis prêt à aller en prison que de révéler l’identité de mes sources d’informations’’
Dans l’exercice de leur métier, les journalistes sont inquiétés à la fois pour leur propre sécurité et pour celle de leurs sources, qu’ils ont la responsabilité de protéger. Ils se demandent d’ailleurs, comment protéger ces dernières des griffes d’éventuelles poursuites judiciaires ou de leurs rédactions. C’est le cas de Naby Elma Camara, journaliste à Evasion Tv Guinée , qui a déjà une position toute tranchée sur la question « mes sources sont sacrées pour moi et je ne les divulgue jamais, même en cas de problèmes ou devant le procureur ’’, avant de poursuivre ‘’ je suis prêt à aller en prison que de donner l’identité de mes sources d’informations ‘’.
Des situations ayant parfois de lourdes conséquences pour les sources, sans que les professionnels de médias ne puissent rien y faire. Jacques Léwa Léno témoigne ici avec amertume du cas qui a touché une de ses sources récemment.
« Nous avons diffusé sur nos antennes, des informations sur une affaire d’escroquerie d’un Belge en Guinée par des agents de police à coups de milliers d’euros. Les pouvoirs publics, ayant deviné que l’information venait de notre source, l’ont limogé le même soir ».
Cette source n’était autre que le directeur général de la police judiciaire, Malick Koné, démis de ses fonctions pour faute lourde. La suspension de ses fonctions à été annoncée à la télévision sur les chaînes nationale, par la lecture d’un décret.
Il y a aussi des médias pour lesquels la règle de la protection des sources n’est pas la bienvenue. C’est le cas de la radiotélévision guinéenne (RTG) et bien d’autres médias d’Etats dans le monde. Pour les journalistes de ces médias, garder leur source d’information anonyme risque de les empêcher de faire valider leurs productions par la rédactions. Ils sont soumis à une forte censure.
Est-il utile pour le journaliste de de divulguer tout ce que dit sa source ?
« Il faut avoir en tête de protéger les gens qui ont le courage de parler » affirme Gaelle Laleix, journaliste sahel pour la rédaction Afrique de RFI, ayant de l’expérience sur les terrains sensibles. Pour elle tout n’est pas bon à dire, cela peut exposer les sources à certains risques. Ceci pousse de nombreuses sources détentrices d’informations accablantes ou importantes, à ne pas les donner aux journalistes pour être à l’abri de tout ennui.
En 2020, dans le monde, la justice de pays comme la Guinée ou l’Ukraine, oblige encore les professionnels de médias à donner leur source d’information. Au regard de ce qui est dit dans cet article, on peut comparer la protection des sources pour les journalistes, à la protection des témoins pour les avocats lors de procès. Car les deux sont liés et malheureusement, ne bénéficient pas toujours de protection suffisante, ce qui expose les sources de certains journalistes à tous les dangers.