16 juillet 2019

Les pure players : Rue89Strasbourg

par Léa Corbin

Les ambitions de l’édition locale

Rue89Strasbourg est créé en Février 2012. Pour Pierre France, fondateur du projet, l’objectif est alors de « traduire le meilleur des pure players au niveau local ». 

Dans un contexte de crise économique, l’édition locale expérimente avec le même modèle économique que Rue89. À l’époque, le site tire ses recettes grâce à la publicité, la réalisation de sites, et des formations aux métiers du web.

Au départ, comme pour Rue89 Lyon, lancé en 2011, ce sont trois journalistes, un développeur et un commercial qui initient le projet : Pierre France, ancien journaliste du site des Dernières Nouvelles d’Alsace, avec à ses côtés Marie Marty, Laurent Jassaud, Cyril Daverdisse et Mathieu Mondolini.

 

L'équipe de Rue89Strasbourg, de g à dr : Marie Marty, Pierre France, Laurent Jassaud, Cyril Daverdisse (Mathieu Mondoloni absent)
De gauche à droite : Marie Marty, Pierre France, Laurent Jassaud et Cyril Daverdisse.

 

Une indépendance difficile à cultiver

Pour les 5 ans de Rue89 Strasbourg, Pierre France publiait un article sur le site, réaffirmant la volonté des journalistes de : « publier des informations qui nous touchent, qui nous interpellent ; basées sur des reportages, des enquêtes et témoignages en provenance des Strasbourgeois qui ne sont pas journalistes. Plus que jamais, nous pensons que le débat local doit être vivant, permanent, éclairé par l’information. »

Mais le modèle économique ne fonctionne pas, et le site n’arrive pas à atteindre l’équilibre, malgré une levée de fonds de plus d’un million d’euros depuis sa création. Fin 2011, lorsque Pierre France réussit à faire labelliser son entreprise, le site national de Rue89 est en pleine négociation pour son rachat par le groupe Nouvel Observateur. Rapidement, Rue89 est dépassé par ses concurrents pour devenir un simple onglet du site de l’Obs. Cependant, comme son homonyme Lyonnais, Rue89Strasbourg est indépendant et édité par l’entreprise strasbourgeoise Médialab.

En Février 2018, le chiffre d’affaire de Rue89Strasbourg est de 100 000 euros, dont 80 000 proviennent de la publicité. « Un déficit compensé par des rémunérations faiblardes », explique Pierre France. Mais une formule d’abonnement à 5 euros par mois est mise en place afin d’assurer la pérennité du site d’information, car la ligne éditoriale de Rue89 ne favorise pas toujours les contrats publicitaires.

« Pour le moment, on dépense ce que l’on gagne. Nous mettons en cohérence nos moyens et nos ressources. La publicité finance encore la majorité des revenus, donc notre objectif atteindre 1000 abonnés. » – Pierre France

 

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Le nouveau modèle économique hybride

Afin de continuer à rendre l’information publique, Rue89Strasbourg décide, en 2017, d’adopter un modèle économique hybride. Ainsi, la publicité n’est pas indexée sur le nombre de pages vues, et les abonnements permettent de financer en partie les enquêtes, qui restent libre d’accès pour tous les internautes.

Si la publicité permet de financer des articles courts, produits en peu de temps et générant de grosses audiences, l’abonnement permet de financer des enquêtes plus poussées, mais qui coûtent cher. Dans ce contexte, seulement une poignée d’abonnées (environ 450 à ce jour) peuvent accéder à ce type d’information.

En s’associant à Disclose en 2018, Rue89 Strasbourg s’essaie aussi au modèle qui a fait le succès de ProPublica aux États-unis. L’association permet de faciliter la production et la vente de documentaires en France et à l’étranger. 

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