10 décembre 2020

L’IA, relais du corps humain et des activités humaines

par Ismène Kpedjo

L’intelligence artificielle (IA) s’impose dans les domaines qui nécessitent des décisions rapides basées sur l’analyse de données. Elle facilite notamment l’automatisation des tâches routinières, impacte le monde du travail.

Internet et les nouvelles technologies de l’information bousculent, transforment certains emplois et en créent même de nouveaux. L’avènement de l’intelligence artificielle (IA) et son influence dans le monde du travail peuvent amener la disparition de certaines professions. Selon l’étude “L’avenir du travail, perspectives de l’emploi de l’OCDE 2019” publiée par l’Organisation de coopération et de développement économique, 9 à 14 % des emplois des pays de la zone seraient totalement robotisés.

Il s’agit essentiellement d’emplois routiniers, non ou peu qualifiés, et peu rémunérés. L’impact est très différent en fonction des pays, 5 à 6 % pour la Norvège et plus de 30 % pour la Slovaquie. Le secteur de la production n’est pas le seul concerné, les services le sont également. Le secteur agricole, la banque, l’assurance, la médecine, les professions juridiques sont déjà impactés.

 L’IA en médecine

 

Dans le système de la santé, la présence de l’IA se justifie par la montée en puissance des robots chirurgicaux. Aujourd’hui, robots et humains se côtoient en médecine. C’est le cas de Brigit et Rosa, des robots inventés en France en 2006 et 2014 par le franco-béninois Bertin Nahum, fondateur de la société Medtech. Brigit se consacre à la chirurgie du genou.

Quant à Rosa, il en existe deux types Rosa Brain pour l’opération du cerveau et Rosa Spine pour la colonne vertébrale. Selon Bertin Nahum, « ces robots sont des assistants présents dans le bloc opératoire au côté du chirurgien : il guide sa main dans des opérations sensibles, sans toutefois le remplacer ; il ne permet pas non plus d’opérations à distance

Rosa est une sorte de guide pour le chirurgien, l’imagerie sert à planifier l’intervention chirurgicale, puis, pendant l’opération, le praticien visualise en temps réel ses instruments sur l’imagerie du patient, afin d’atteindre les cibles repérées lors de la planification de l’opération. Le Rosa Brain dispose d’un bras articulé qui aide le chirurgien à placer son instrument dans un axe précis pour atteindre la zone voulue. Il repère des lésions du cerveau, prélève du tissu à analyser, opère et enlève des tumeurs.

Bertin Nahum développe un troisième robot qui se repose sur la chirurgie mini-invasive du cancer du foie à travers sa nouvelle société Quantum Surgical. Il sera mis sur le marché en 2020 voire 2021. Hormis le secteur de la santé, l’IA constitue aussi un relais dans les activités judiciaires.

L’IA pour désengorger les tribunaux

 

Un logiciel d’intelligence artificielle dénommé «  Case Law Analytics » accompagne désormais les avocats dans l’exercice de leur profession. Cet outil inventé  par Jacques Levy Véhel et  Jérôme Dupré, magistrat et mathématicien est un remède contre l’engorgement des tribunaux. Case Law Analytics propose l’éventail des décisions possibles, avec les probabilités et les montants associés.

Cette approche se différencie des autres acteurs du secteur qui annoncent une issue et une fiabilité, sans plus de détails. Interviewé en septembre 2019 par le site d’information Les Echos, Jacques Levy Véhel explique « qu’il s’agit d’une approche quantitative de l’aléa ou de provisionnement du risque », il précise « qu’aucune machine ne peut comprendre toutes les subtilités d’un dossier ».  L’intelligence artificielle ne peut pas remplacer l’humain. Ils collaborent et développent une complémentarité.

Même l’intelligence artificielle la plus « forte » est actuellement incapable de se substituer à l’humain pour toutes les facultés cognitives qui impliquent un phénomène de compréhension dixit Emmanuel Poinas, magistrat et auteur du livre Le Tribunal des algorithmes.

Les IA  ne peuvent dépasser l’humain que dans les domaines qui relèvent du calcul, ou de la déduction à partir d’un nombre considérable de données. Or juger est une opération cognitive complexe dont l’intelligence artificielle ne peut reproduire aujourd’hui que la forme, elle ne peut simuler que la performance. Elle ne peut pas remplacer la prestation que représente le fait de confronter des points de vue divergents et de confronter ces derniers à la loi.

Les employeurs de tous les secteurs d’activité doivent commencer à se concentrer sur le recyclage de leur main-d’œuvre, la redéfinition des rôles professionnels et le soutien à l’avancement professionnel. Au fur et à mesure que les nouvelles technologies prendront de l’ampleur dans les entreprises et les industries, il incombe à l’entreprise de comprendre non seulement les implications des processus d’affaires, mais aussi l’impact social.

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