6 juin 2019

Les visages de l’algorithme : Entre visibilité et violation de vie privée

par Camille Simonet

Le terme algorithme n’a plus la même résonance qu’avant. Désormais il rime avec visibilité et violation de vie privée. Des points emblématiques pour Lucinda Rossat, blogueuse, Antoine Lebrun journaliste, Mounir Mahjoubi, secrétaire d’État au numérique et Mark Zuckerberg, fondateur de Facebook.

 

Lucinda Rossat, l’influenceuse d’instagram :

Algorithme -Lucinda Rossat

« Je subis les caprices de l’algorithme »

 

Quand Lucinda Rossat a lancé son blog de mode en 2009, Instagram n’existait pas. Aujourd’hui, le réseau social est sa plateforme principale, où elle comptabilise pas moins de 98 000 abonnés. Faisant partie des « anciennes », l’influenceuse est souvent frustrée de l’impact que peut avoir l’algorithme sur les nouveaux comptes : « Depuis peu, l’algorithme d’Instagram est très sensible aux likes et aux commentaires. Aujourd’hui, tout nouveau compte qui se lance est propulsé grâce à l’engagement qu’il provoque et atterrit rapidement sous la lumière des projecteurs ». Avec le blogging comme principale source de revenus, elle se débat pour décrocher la « médaille » des 100 000 abonnés, avec plus ou moins de succès. L’une des raisons de son ralentissement ? Selon elle, L’algorithme supprimerait des comptes d’abonnés qu’il estime inactifs ou des « soit-disants ». La blogueuse de 29 ans reste cependant sereine sur sa capacité à se démarquer et à publier ses photos entre les mailles du programme, quitte à monter plus lentement que ses pairs.

 

Antoine Lebrun, le journaliste dépendant de l’algorithme  de Facebook :

Algorithme -Antoine Lebrun

“L’algorithme est très capricieux”

 

Rédacteur en chef du Bonbon Lyon depuis deux ans, Antoine Lebrun publie la majorité de ses articles sur Facebook. Avec l’expérience, il a appris à respecter des horaires précis pour ne pas froisser l’algorithme : « Plus tu es régulier dans tes posts et créneaux, plus ce réseau social va te mettre en avant parce que l’algorithme se rappelle de ta routine de publications. Par contre, si tu fais n’importe quoi, ça bouleverse tout et tes publications n’ont pas la même visibilité ». Le journaliste s’est adapté progressivement aux commandements du programme de hiérarchisation, privilégiant l’incisif à l’informatif. Et c’est pareil pour Google où il a fallu apprendre le SEO qui est, selon lui, « indispensable pour tous les médias ». Dépendant de Facebook,  le Lyonnais invoque la nécessité pressante de s’en détacher  : « L’algorithme est très capricieux. Des fois, il va te couper les vannes sur ta portée, sans que tu saches pourquoi. Si demain, il y a un bug et Facebook saute, on est tous (ndlr : tous les médias utilisant Facebook comme plateforme de relayement) en danger ».

 

Mounir Majhoubi , le secrétaire d’Etat au numérique attaché au respect de la vie privée:

algorithme - Mounir Mahjoubi

 

« La transparence des algorithmes est primordiale »

 

Nommé secrétaire d’Etat au numérique en 2017,  Mounir Mahjoubi est pour la transparence des données traitées par les algorithmes, dont celui de Parcoursup. L’ancien président du Conseil national du numérique (CNIL) a déclaré lors du grand débat de la donnée du 13 mars 2018 « Je suis contre toute propriété et vente de données personnelles ». Grand supporter du Règlement européen pour la protection des données (RGPD), entré en vigueur en mai dernier, il admet cependant que ce n’est que « la première brique » d’un long processus. Prochaine cible algorithmique en date ? Les nouveaux usages, comme le projet de règlement européen ePrivacy sur la vie privée et les communications électroniques. En attendant, le secrétaire d’Etat figure également parmi les VIP qui ont accès à l’algorithme de Facebook depuis janvier. De quoi mettre le clic sur les subtilités qui entourent l’un des principaux programmes de hiérarchisation de visibilité de la toile.

 

Mark Zuckerberg, l’homme derrière l’algorithme de Facebook :

Algorithme -Mark Zuckerberg

 

“L’algorithme de Facebook va privilégier les interactions importantes”

 

Tête de turc principale sur la question tumultueuse des données personnelles depuis le scandale de Cambridge Analytica – l’entreprise qui aurait analysé le data d’une dizaine de millions d’utilisateurs au profit de l’élection de Donald Trump -, Marc Zuckerberg est aujourd’hui le père de l’un des algorithmes les plus subis au monde. Le célèbre créateur de Facebook fait parti des rédacteurs en chefs de la toile, twistant son programme de classification de contenus comme bon lui semble. Ainsi, en novembre dernier, il annonçait que son bébé allait désormais réduire les posts polémiques en matière de ce que le réseau autorise comme liberté d’expression. « Ce que nous constatons c’est que dès qu’un contenu semble s’approcher de ce qui est interdit par notre règlement, les utilisateurs semblent plus s’y intéresser ». En attendant, le fondateur du réseau aux 2 milliards d’utilisateurs est accusé de profiter du récent 10 Years challenge (ndlr : défi où l’utilisateur doit poster deux photos de lui avec 10 ans de différence) pour renforcer son algorithme.

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