Accessibilité, publicité, données personnelles: le design éthique s’impose dans le domaine du digital. Ce courant souhaite prendre en compte les impacts de la technologie et des services numériques dès leur conception. Mais, alors que ces idées sont encore nouvelles, est-il possible de concilier design éthique et innovation technologique de manière pérenne ? Pour Flora Fischer, doctorante en éthique appliquée, c’est une question de volonté.

 

 

Non. C’est une question qui revient souvent, mais elle est fausse. Elle est posée pour se dédouaner de l’effort de réflexion éthique. L’éthique n’est pas une contrainte juridique, donc rien n’empêche de concevoir plus éthiquement des technologies, c’est-à-dire en intégrant dans les processus de conception des réflexions éthiques. On peut justement permettre des boucles de rétroaction plus larges. Par exemple, dans l’usage, en impliquant davantage les utilisateurs pour avoir des retours sur l’utilisation du service. Et ainsi modifier les technologies dans la durée.

 

La réflexion éthique dès la conception 

 

C’est une fausse idée de croire que cela peut restreindre l’innovation. Sauf à penser que les juridictions actuelles sur les données personnelles posent des problématiques parce qu’elles engendrent des transformations opérationnelles et économiques.

Cela ne coûte rien d’intégrer des réflexions éthiques dès la conception.

C’est sûr qu’une fois qu’un système est implanté et qu’il faut revenir dessus pour le rendre « plus éthique », il faut le transformer et cela peut coûter cher. Là, on comprend cet argument. Mais intégrer des réflexions éthiques dès la conception, franchement cela ne coûte rien, rien du tout. C’est juste une manière d’intégrer la réflexion éthique. Cela peut être issu de théories éthiques, comme le conséquentialisme, c’est-à-dire imaginer quelles vont être les conséquences à long terme. On va essayer de penser dans la durée. Et il n’est pas très fréquent d’essayer de penser à long terme quelles seront les effets de technologies, ne serait-ce qu’environnementaux par exemple. Donc l’innovation, ça serait alors d’intégrer, lors de la conception, les dimensions environnementales, éthiques ou du traitement des données personnelles entre-autres. 

L’innovation serait d’intégrer, lors de la conception, les dimensions environnementales, éthiques ou de traitement des données personnelles.

En savoir plus sur Flora Fischer

 

C’est au cours de son master en éthique appliquée, responsabilité sociale et environnementale que Flora Fischer s’est intéressée à la notion d’ethics by design. Après un stage au Club informatique des grandes entreprises françaises (Cigref), elle propose d’y faire une thèse sur le concept d’ethics by design. En parallèle, Flora Fischer anime des cercles de réflexion autour de l’intelligence artificielle et de l’éthique. Pour elle, il est intéressant de montrer que la philosophie peut avoir des actions concrètes et s’appliquer au monde professionnel.