28 février 2019

Divina Frau-Meigs mise sur la recherche face à la « malinformation »

par Alice Mugnier

 

Divina Frau-Meigs © Olivier Roller (RSLN)
Divina Frau-Meigs © Olivier Roller (RSLN)

 

Chercheuse et enseignante à la Sorbonne, Divina Frau-Meigs milite pour une éducation aux médias à l’échelle internationale. Rencontre avec cette activiste qui lutte au quotidien contre la « malinformation ». 

 

Quand on lui demande l’un de ses traits de personnalité, elle nous répond du tac au tac : « la ténacité ». Comme en témoigne la longue liste sur son CV, Divina Frau-Meigs est une femme qui a l’agenda bien rempli. Diplômée de la Sorbonne, de Stanford et de l’Université de Pennsylvanie, Divina Frau-Meigs est normalienne, agrégée et professeur en sociologie des médias et en études américaines à l’Université Paris 3 – Sorbonne. Née au Maroc en 1959 de parents espagnols, elle a découvert le domaine où elle allait devenir experte pendant ses études. «  Mon intérêt pour l’éducation aux médias remonte à mon entrée à Stanford, en 1982. Dès mes débuts, j’ai été alertée par la notion de data », raconte-t-elle. Ses recherches actuelles portent, entre autres, sur l’éducation aux médias et à l’information, la diversité culturelle et la gouvernance d’Internet. 

Rédactrice en chef de la Revue française d’études américaines et membre du comité éditorial de MédiaMorphoses (Ina – Armand Colin), elle a publié de nombreux livres traitant des médias, dont trois nominés pour des prix de la recherche : Les écrans de la violence, Qui a détourné le 11 septembre ? et Socialisation des jeunes. Elle dirige le Centre de liaison de l’éducation aux médias (CLEMI), et préside son association Savoir-devenir, avec laquelle elle compte ouvrir deux centres à l’étranger d’information à l’éducation aux médias et à la France. L’un se trouvera en Palestine, l’autre en Tunisie.

Soutenus par l’Agence française du développement, ces centres ont pour objectif de « fournir les outils indispensables pour savoir bien naviguer et s’informer en ligne, tout en luttant contre la malinformation (c’est le terme qu’elle utilise pour la « désinformation », Ndlr.) ». « J’essaye aussi de monter un master professionnel en éducation aux médias et citoyenneté numérique à la Sorbonne Nouvelle, dans la nouvelle dimension Humanités numériques », explique-t-elle avec enthousiasme.

Ténacité et activisme pour lutter contre la désinformation

Après la ténacité, c’est la diversité qui est essentielle aux yeux de cette sociologue. «  J’aime beaucoup avoir affaire à diverses personnes, cultures et pays. J’apprends beaucoup des autres. » Pour preuve, elle s’engage auprès de l’Union Européenne en faisant partie d’un groupe d’experts d’éducation aux médias et de la désinformation en ligne. Elle détient également la chaire UNESCO « Savoir-devenir à l’ère du développement numérique durable ». « Cela me donne une dimension internationale qui me permet de comprendre la France dans le monde interconnecté dans lequel on vit », confie-t-elle.

Enfin, c’est par l’activisme qu’elle se définit. «  Je crois qu’il faut que nous soyons très en alerte, et que nous ayons confiance dans le fait que l’on peut faire bouger les choses ensembles ». Divina Frau-Meigs milite d’ailleurs pour une éducation aux médias accessible dès le plus jeune âge : « Dès la primaire selon moi, au moment où, justement, les enfants aiment bien jouer aux détectives. Cela pourrait leur permettre de l’envisager comme un jeu plutôt qu’une angoisse. » Il reste du chemin à parcourir pour sensibiliser la population, mais cette sociologue est confiante : « Ca fait plaisir de voir que la recherche percole au niveau des décideurs, ça avance petit à petit. Je suis sereine par rapport à l’avenir. »

Alice Mugnier
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