DESIGN ETHIQUE | Episode #9
12 décembre 2019

« Nous n’avons pas vraiment abordé les règles d’accessibilité »

par Victor Fuseau

L’accessibilité des sites web aux personnes en situation de handicap doit être intégrée dès leur phase de conception. Mais de nombreuses plateformes en ligne ne répondent pas à cette exigence. La faute – entre autres – à un manque de sensibilisation des designers et développeurs aux normes préconisées par le World Wide Web Consortium (W3C). Illustration avec deux développeurs d’Aidodys, une start-up de l’ouest lyonnais (voir Adapte Mon Web : un pansement sur une jambe de bois).

 

Kévin et Ludovic ont intégré Aidodys pour lancer le module Adapte mon Web dans le courant de l’année 2018.

« L’accessibilité ne se corrige pas, elle se conçoit », affirmait Véronique Lapierre dans une récente interview (Voir Véronique Lapierre: « L’accessibilité ne se corrige pas, elle se conçoit »). Pourtant, rares sont les designers à y avoir été sensibilisés au cours de leur formation. Dans leur travail de conception d’interfaces numériques, combien sont en mesure de créer un service accessible aux personnes en situation de handicap (qu’il soit auditif, visuel, cognitif, etc) ? Difficile de répondre à cette question. Mais l’une des rares designers formées à l’accessibilité contactée nous donne son avis : « hélas, il y en a très peu ». 

Et ce vide autour de la sensibilisation à l’accessibilité s’illustre par les trajectoires de deux développeurs d’Aidodys, une start-up ayant mis au point un module d’accessibilité baptisé Adapte Mon Web. Comme nombre de leurs collègues, Kévin Doquero, 31 ans, et Ludovic Benoit, 37 ans, ont suivi un enseignement de développeur web, à Simplon. Pourtant, ils regrettent ne jamais avoir été formés à l’accessibilité. « Dans notre école, nous y avons été peu sensibilisés », témoigne Ludovic. « Nous n’avons pas vraiment abordé les règles d’accessibilité du W3C (ndlr: le World Wide Web Consortium) alors qu’on nous disait que l’accessibilité était quelque chose d’important, lui emboîte Kévin. C’est un sujet trop pris à la légère. On a fait des sites sans penser à ce qu’ils soient accessibles. » 

Une discipline aux contours flous

Par conséquent, les deux salariés d’Aidodys ont appris par eux-mêmes et se sont confrontés aux règles du WCAG (ndlr: Web Content Accessibility Guidelines) qu’il est possible de consulter librement sur Internet. De la bonne volonté certes, mais cela est-il suffisant ? « Même en auto-formation, on va passer à côté de certaines choses. Il faut être aidé par des personnes qui pourraient nous diriger dans la bonne direction », témoigne Kévin. « Pour rendre un site web accessible rapidement, il faut mettre les mains dans le code, changer beaucoup de choses, complète son collègue. De nombreux sites sont abandonnés et ne sont plus travaillés, il n’y a plus de développement. Cela demanderait donc beaucoup de travail. »

Voilà qui résume assez bien la complexité de l’accessibilité web : comment la concevoir à l’heure où celle-ci reste une discipline aux contours flous et contraignante pour nombre de créateurs de sites internet.

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